Comment contrôler ses parents?

Je vous remercie de m’avoir envoyé le manuel Comment contrôler ses parents.
De l’avis des professionnels, quand ils ont dépassé quarante ans, il est souvent trop tard pour les redresser ou même les contrôler (ou alors il faut attendre encore et parfois longtemps).
Quel orphelin n’a pas repéré un jour les parents d’un ami ou d’une amie dans un état désolant ?
Selon les experts il n’est plus rare que les deux parents déstabilisés se plaignent de ne rien comprendre, assis sur un canapé sinistre (pléonasme), sidérés, abasourdis, à la façon de personnages pathétiques dans une bande dessinée… deux personnages perdus… égarés… face à un écran plat, à la tapisserie, au jardin, à la balancelle dépressive… face au vide… Continuer la lecture

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Le twist ou la valse

Au Pico Pico, la salle Marshall McLuhan s’appelle souvent Marshall McLuhan put a spell on you (Marshall McLuhan a jeté un sort sur vous).
Jacques Marchal y emmène souvent les marcheurs de nuit rencontrer des membres du Marshall McLuhan fan club et les sujets sont variés. D’après lui, il n’y a pas d’un côté le monde tribal et de l’autre le monde alphabétisé, civilisé, spécialisé, mécanique, répétitif, imprimé. Ces mondes s’interpénètrent, au point, a-t-il ajouté, que l’on peut aimer twister et valser.
La valse est une danse mécanique, spécialisée et chaude tandis que le twist vous donne l’impression de vous frayer un chemin dans la foule sans bouger.
Ainsi John Travolta dans Pulp Fiction. Le twist ne le fait pas avancer mais bouger sur place. C’est une idéologie.
https://youtu.be/sTBhKboufF4?t=1m28s
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L’homme du renseignement et le marin éternel

Marcel Cordeau habite à côté du parc Bellagio dans le même immeuble que René Frantic, là où la majorité des appartements ont été murés. Après sa journée de bureau et son sandwich de midi, il rentre chez lui chaque soir pour s’installer le plus confortablement possible devant sa grande télévision devant laquelle il déguste le plus souvent une pizza ou un plat surgelé. Il regarde les programmes sans une grande attention sauf quand il y a un pic d’alerte rouge (en général un documentaire, reportage, enquête à sensations) et que plusieurs personnes en ont parlé au bureau. Il suit les émissions et les films avec une attention flottante, repassant dans sa tête, presque au ralenti, de grands moments de sa vie qui n’intéressent personne d’autre que lui mais deviennent à ses yeux, malgré Continuer la lecture

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Danaïdes caritatives

Il y a maintenant dans notre ville, comme dans beaucoup d’autres villes et pays partout dans le monde, des camions pour distribuer gratuitement de la soupe le soir et un petit-déjeuner le matin. Ces engins n’ont rien à voir avec les camions snacks. Ils ont de la soupe le soir et un petit-déjeuner le matin. C’est offert. Selon le camion, c’est servi par des professionnels ou par des bénévoles de tous les âges, toutes les confessions.
Cela semble dater du XXème siècle. Certains spécialistes du repas distribué affirment que cela n’a jamais cessé, depuis le Moyen-Âge. Même s’il n’y avait pas de camion.
Dans Notre Ville, un des points de distribution de la soupe se trouve près d’une grande fontaine, sous les yeux d’une centaine de clients d’une terrasse de café. Dans des gobelets en carton les membres d’une association caritative servent de la soupe chaude à des sans Continuer la lecture

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Fort de dire NOUS

« Ne soyez plus élitistes, n’envoyez plus vos enfants à l’école. »
Depuis quelques temps les slogans envahissent la ville, nous envahissent.
Au sujet du Nous, d’ailleurs, il y aurait beaucoup à dire.
Depuis quelques temps aussi c’est la nouvelle lubie dans certaines maisons. Ça vous attrape, ça vous Continuer la lecture

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L’argent rend pauvre

Tous les jours, au Pico Pico, dans certaines salles sont organisées, comme vous le savez sûrement, des discussions publiques très fréquentées et commentées. Composée d’une masse de clients friands et gourmands d’altercations, serrés les uns contre les autres, accrochés, certains salivant, une foule nombreuse vient suivre les polémiques proposées par une multitude d’associations expertes en débats contradictoires. Certains clients se tiennent même debout tout autour de la salle. Selon les éclairages ces ombres sont impressionnantes.
La plupart des visiteurs adorent discuter longtemps et parfois sans fin et une grande majorité de débats se prolongent bien après les interventions.
Il y a des pervers.
Dès qu’il y a une mise en scène, il y a Continuer la lecture

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La bonne humeur française

Par sa politique d’atmosphère et de gaieté collective, la chaîne de restaurants La Bonne Humeur Française résiste à la concurrence des camions snacks qui envahissent la ville depuis des mois et risquent, par leurs conflits, leurs guerres (Qui a oublié la guerre des saucisses et ses sanglants règlements de compte ?), de casser l’ambiance des fêtes estivales et conduire la ville dans le gouffre du désert touristique.
Toute la politique de la chaîne de restaurants La Bonne Humeur Française consiste à retenir sa clientèle grâce à son ambiance et à son chœur de serveuses et garçons de café, un chœur unique qui sait émouvoir autant  Continuer la lecture

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Ethnocentrisme au Pico Pico

Achour d’Oran et Bakri d’Oran, deux musiciens, sont allés suivre le débat sur l’ethnocentrisme, intitulé : Voir le monde avec la pensée dominante de sa communauté d’origine.
Ce débat a été organisé au Pico Pico dans une des salles dédiées aux rencontres internationales. Jamais, en plus de deux mille ans, dans Notre Ville, les rencontres et les débats n’ont été Continuer la lecture

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Atelier d’écriture murale

Les formateurs, les intervenants en formation à l’Explorateur Club surtout, ont toujours insisté, répété, même à ceux qui ne voulaient pas l’entendre, que le fait de s’exprimer, d’écrire, de peindre, de dessiner, était nécessaire à l’être humain (et même à l’animal), quelle que soit sa profession, son passé, son avenir. En gros, ils soutenaient qu’il fallait s’exprimer. Selon eux, pour mieux se connaître, il est important d’essayer de révéler sa part d’inconnu.
La thèse est controversée. Nous y reviendrons.
D’autre part, à l’Explorateur Club, ça nous paraissait toujours un peu gnangnan.
D’autres formateurs ont ajouté qu’il n’y avait pas que l’expression qui comptait, mais c’est une autre histoire.
A l’Explorateur Club, nous sommes plusieurs à nous souvenir, en particulier, de l’animatrice de l’atelier d’écriture murale. Elle a donné des exemples en faveur de l’écriture murale mais aussi des exemples contre.
Mise en garde d'apéritif
Après avoir montré la Continuer la lecture

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Devenir un homme à l’école de commerce.

Lors d’une rencontre au Pico Pico dans la salle Réfléchir, associer, trouver, un élève de l’école de commerce m’explique la sérendipité.
Quand vous avez dix huit ans et que, dans votre école de commerce, on vous persuade que les bonnes idées pour résoudre un problème, (les bonnes idées au sens de celles qui vont vous rendre plus inventif, vous permettre de sortir du lot, comme on vous le souhaite depuis le début, depuis l’école primaire, comme on vous y encourage de sortir du lot, de vous distinguer, de faire la différence) ces bonnes idées se trouvent souvent à côté du problème, vous répondez alors Continuer la lecture

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Jésus-Christ Junior, Kiss et le senior Coconut

Il y a des jours où Jean-Claude Cristiani, l’homme soi-disant Jésus Christ Junior, en a marre d’être Jésus Christ Junior. Comme tout le monde, probablement, en aurait assez, de porter sur ses épaules autant de responsabilité.
Il y a des jours où Jean-Claude (Il aime la simplicité : Appelez-moi Jean-Claude, s’il vous plaît), l’homme soi-disant Jésus Christ Junior, voudrait faire autre chose de ses jours et de ses nuits.
Il a tellement rêvé de sa résurrection. De sa montée au ciel, bras tendus, poings fermés, héroïque, il y a un tel manque de héros mondiaux.
Il a tellement fantasmé aussi de se Continuer la lecture

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L’épuisement du représentant

Un soir, dans une salle du Pico Pico, René Frantic bouquiniste déçu a raconté comment il était devenu représentant d’une maison d’édition.
A l’époque de son engagement les maisons d’édition avaient toutes des représentants en chair et en os, des représentants dans la vraie vie.
A l’époque il y avait ce que l’on appelait des livres en papier dans les cartables des représentants. Ils sillonnaient le pays avec des cartables lourds et n’arrivaient pas toujours frais dans les librairies. Aucun drone ne Continuer la lecture

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Conflit des camions snacks dans la ville ardente

Quand on regarde la mer, on ne peut s’empêcher de voir ces cargos échoués à droite et à gauche. Certains sont habités depuis des années par des squatteurs marins.
Ils sont plus rares mais il y a aussi des paquebots en rade. Ça fait la joie des familles venues se promener pour admirer le paysage.

croisière
Sur le rivage, surtout pendant la période des bains de mer et de la haute fréquentation touristique, une centaine de camions snacks côte à côte dessinent Continuer la lecture

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Douce et triste

Les yeux de Laura Yun sont à peine bridés, à la façon d’un lointain souvenir au-delà des frontières. Dans sa lignée, elle compte une ancienne origine chinoise. Un de ses arrière-grands-pères était chinois mais elle n’en tire aucune supériorité énigmatique.
Laura Yun est une marcheuse de nuit, tenace, plutôt silencieuse, jamais frimeuse, fidèle du groupe thérapeutique des marcheurs de nuit où certains rêvent de s’inscrire pour sillonner la ville sans lumière naturelle (en général notre espèce s’allonge la nuit, comme attirée par une force indiscutable).
A part la marche de nuit, Laura Yun est une adepte de la vie à l’écart, loin de l’agitation, qui aime et pratique une vie assez frugale.
Elle vit dans la Tour d’ivoire, surnommée Continuer la lecture

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Centre de remise en forme de la pensée

Bien que la distinction soit préférable, ce n’est pas mortel de confondre la salle de gymnastique mentale (cardio algébrique, vélo de la répartie, muscu de l’imagination, aérobiconcept, éloquence training, danse dogmatique, karatérhétorique, argumentsbuilding, punch cognitif…) et le centre de remise en forme de la pensée (des conseils pour une pensée de rêve, une semaine pour tout changer, raffermir son esprit, détox des idées confuses, détox des clichés, les bonnes résolutions pour Continuer la lecture

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Mlle Piedtenu allonge Dark Vador

Sidérurgiste pendant dix ans en Lorraine, père de deux enfants, Marc Victor a été chômeur.
Puis divorcé.
A la façon d’un trapéziste contemporain, il est ensuite passé d’un emploi (branche) précaire à un autre jusqu’à venir s’installer dans Notre Ville pour faire le Dark Vador. Et cela, la plupart du temps, à l’occasion d’anniversaires d’enfants.
Il n’a plus jamais reparlé de sa Continuer la lecture

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Pilon

Il a connu le rock’n roll, les cartables lourds et la télévision en noir et blanc.
Il a vu arriver les valises à roulettes en même temps que le string équitable. Il n’en a tiré aucune conclusion, contrairement à Jacques Marchal et aux membres du Marshall McLuhan fan club si attentifs à la prolifération des médiums.
Par-dessus tout, les livres lui ont sauvé la vie. Il se serait tué sinon.
A quinze kilomètres de la décharge publique, par la voie express, il a travaillé des années au Continuer la lecture

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Souvenirs dans la neige berlinoise

L’alcool est une béquille molle, très molle.
C’est une pâte.
La nervosité s’y coule, à peu près anesthésiée, retenue, contenue, ralentie, cotonneuse, s’y renforce aussi curieusement, s’y ramollit autant qu’elle s’endurcit et c’est ainsi que les alcooliques s’endorment d’un coup et se réveillent en pleine nuit.
Quand tombe la nuit, il est tentant de s’arrêter quelques instants pour regarder les clients qui s’offrent à travers les vitres des bars.
Revient souvent ce souvenir des pays de l’Est et aussi de la neige recouvrant la ville. La neige est si souvent idéale pour Continuer la lecture

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La créature installée dans votre tête

Depuis des jours, vous l’avez compris, la question que pose Samuel Butler dans son livre Erewhon (éd. Gallimard) vient et revient sans cesse. Cette question sinueuse rôde :
« Qu’est-ce que l’homme, sinon une machine à travers laquelle la petite créature assise derrière, dans le cerveau, regarde ? »
Vous vous demandez aussi qui Continuer la lecture

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Immeuble en grande partie muré

Malgré de nombreux exemples historiques et géographiques, les relations trop rapprochées entre frère et sœur ne sont toujours pas conseillées.
Pour être raisonnables, tous les deux (René Frantic et sa demi-sœur, Barbara Hoffman) ont décidé de ne plus se voir tous les jours, de moins s’étreindre, de ne plus se Continuer la lecture

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Concours de sauvagerie mélancolique

Pour commencer, une confirmation à votre question : Oui, d’anciens membres de la BAG (Branche Armée des Gueux) sont suivis par des arts thérapeutes de l’Explorateur Club.
Oui, ils sont inscrits à l’atelier d’écriture murale.
Oui, les arts thérapeutes les font participer aussi à des concours de sauvagerie mélancolique.
Non, pas dans les Continuer la lecture

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La fiancée de Dark Vador a souvent les pieds froids

– Qu’est que ça veut dire « fiancée » ? Tu as une idée ? C’est quelqu’un qui a reçu de l’argent ? Ou quelqu’un qui donne de l’argent ? Mes parents n’aiment pas les fiancés.
– C’est un terme ancien, je crois.
– Ancien ancien ?
Les enfants essayent de Continuer la lecture

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Bureau des nouvelles compétences et métiers émergents

Au bureau des nouvelles compétences et des métiers émergents de la chambre du commerce et de l’industrie, la responsable hésite à classer mon activité : ethnologue amateur, historien sauvage, interprète dilettante, recenseur naturel, fouineur désintéressé, enquêteur gracieux, dénombreur solitaire, détective hors piste, glaneur impulsif, archiviste spontané, chroniqueur bénévole, elle se tâte.
Elle, Barbara Hoffman, ne sait pas, ou par ruse, tactique professionnelle, fait semblant d’ignorer que, depuis le Karaoké Bleu, je Continuer la lecture

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Figures touchantes dans la pénombre

– Il faut voir comment on nous…
– Oh oui…
– Comment on nous parle mais aussi comment on nous regarde.
Il y a toujours ce lointain et persistant malentendu sur l’apparence physique, la présentation, l’allure, l’importance du corps.
Impossible d’y échapper, c’est partout.
Déjà, pour rechercher un emploi, les conseils, le relookage.
Ce qu’il faut faire.
– Qu’est-ce que votre corps Continuer la lecture

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Les marcheurs de nuit

Journées de pluie continuelle. Ne pas oublier de vivre. Vous me l’avez suffisamment rappelé pour que je ne l’oublie pas.

– Sur le mollet, là, cette petite tâche rouge ?
– Oui.
– Ce n’est rien, c’est juste un peu de psoriasis… parce que vous êtes nerveux.
– Mais je suis de plus en plus calme. Je ne comprends pas. Je vous assure, je ne suis plus si agité, si caractériel.
– Vous ne piquez pas de colère ? Jamais ?
– Pratiquement plus. Je me ramollis.
(silence)
– C’est vrai ? Plus de colère ?
– Oui, c’est vrai. Cela m’arrive encore, mais c’est de plus en plus rare.
(silence)
– Plus de colère, donc. Alors, ne cherchez pas plus loin, c’est pour ça.

Quand Mlle Piedtenu a entendu parler des dérives en bus (de nuit), pratiquées de temps à autre, elle m’a fait comprendre qu’une thérapie avec des marcheurs de nuit, une ou deux fois par semaine, ne serait pas du luxe.
J’avais beau me concentrer sur la tête réduite de Jivaros (que l’on appelle aussi Shuars), posée sur l’étagère derrière elle, c’était difficile de refuser.
Mlle Piedtenu est convaincante.
Ça a commencé comme ça.
Avec les marcheurs de nuit, les groupes ne dépassent pas six personnes, nous démarrons à la nuit tombée.
A force de marcher dans la ville, de fouiner dans le présent et le passé nous finissons souvent par tomber dans une faille.
Nous avons l’impression, parfois, qu’un morceau de passé nous prend à la gorge, à la façon d’un crochet surgi de nulle part, nous saute à la figure (Face-Hook).
Nous sommes saisis par un souvenir qui revient à la surface. C’est une bête qui s’accroche à nous pendant des heures, pendant des jours. Il y a des souvenirs comme ça. Ils s’agrippent. Vous ne pouvez pas vous en débarrasser. Ça se cramponne et s’enracine. Ça se fixe. Et pour le décrocher après, quand c’est bien cloué, ce n’est pas flagrant.

– Vous croyez à la disparition de la réalité ?
– Je n’ai pas d’opinion à ce sujet. Je suis un marcheur de nuit.
Cela commence juste à la tombée de la nuit.
Quand les immeubles s’allument.
Les marcheurs de nuit, on peut les voir marcher dans les rues, en file indienne, on les croit dehors mais ils sont enfermés. Comme la plupart des solitaires.
Les marcheurs de nuit prétendent qu’il suffit de marcher pendant des heures pour y voir plus clair. Ce n’est pas faux. Mais ce n’est pas la seule technique.
Chacun d’entre eux est alors en tête à tête avec ses fantômes selon les principes de l’association libre.
Il n’y a pas de logique dans ces parcours, pas de sens non plus.
C’est un grand accélérateur de pensées.
Nous suivons nos desire lines.
Nos desire lines, oui. Il ne s’agit pas, pour nous, du plus court chemin (desire path, chemin le plus pratiqué par les promeneurs) ni d’une chanson (groupe Deerhunter) ni du livre de David Mangin aux éditions Parenthèses mais, plus simplement, nos chemins du désir.

Lindbergh-pod, The Oppidan Omnibus

Lindbergh-pod, The Oppidan Omnibus

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Guides pour nonsites

La ville est un organisme vivant et je suis dans cet organisme vivant.
Un auteur de dessins animés dans les ténèbres a compris l’attirance de certaines personnes pour les lieux dénués d’intérêt.
Il en a fait un dessin animé étrange, rempli de Continuer la lecture

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Psychiatriste de frontière

Durant une longue soirée au Karaoké bleu, Jacques Marchal m’a présenté le bouquiniste déçu (René Frantic).
J’ai expliqué que je n’avais pas la prétention d’écrire un guide de la ville et que je me situais probablement entre le chroniqueur, l’historien sauvage et l’archiviste amateur.
Puis, Jacques Marchal et le bouquiniste déçu (René Frantic) ont chanté sur Frontier Psychiatrist.
De façon un peu Continuer la lecture

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Marshall McLuhan Fan Club

On peut être myope et, tout de même, visionnaire.
Certes, c’est plus long.
Difficile de vous contredire sur ce point.
Pour Jacques Marchal, rencontré par hasard, au Karaoké Bleu, il faut persévérer.
Un soir, après une séquence émotion, Continuer la lecture

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Karaoké Bleu

Parmi la centaine de salles du Pico Pico, quelques-unes sont dédiées au karaoké.
Chaque salle du Pico Pico est dans un style différent, aussi bien le décor que le contenu.
En karaoké, y a le disco, l’opéra, la chanson à texte, l’opérette, le rap…
De temps en temps, c’est un plaisir d’aller au Karaoké Bleu, au troisième sous-sol du Pico Pico. Il tient son nom de la couleur bleue qui couvre ses Continuer la lecture

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Pico Pico, le plus grand bar de la ville

Récemment, vous avez comparé, à juste titre, l’hébétude de nos moments de glisse et de surf sur la toile de l’internet à celle des animaux ruminants, ces animaux qui broutent et broutent dans toutes les vallées, les montagnes et les plaines où il y a de l’herbe.
Vous aviez insisté en particulier sur l’errance, celle qui traverse les réseaux sociaux, comme La Vitrine ou le Facebook, ce vagabondage durant lequel on feuillette et broute, papote et flâne.
J’avoue que nous aussi, dans notre ville, devant les écrans nous broutons, oui, nous broutons souvent et ressassons et répétons, quittons l’écran las et dégoûtés, puis rechutons, ruminons aussi et planchons, mâchons et remâchons et cherchons une place.
J’y ai pensé en tombant sur ce passage de Peter Sloterdijk dans son journal et c’est pour cela que je vous l’envoie :
« Les promenades vespérales des vaches à la lisière de la forêt, en haut, à Althütte, allant, venant, des heures durant, ressemblent à des processus automatiques. Si on les observe un moment, on acquiert l’impression que ces grands animaux sont des êtres en quête, désireux de s’arracher à l’hébétude où les plonge leur broutage. » Peter Sloterdijk. Les lignes et les jours. Notes, 2008-2011. Editions Libella/Maren Sell.
C’est peut-être aussi une façon de brouter, de rôder, d’errer, dans un état proche de l’hébétude qui me conduit souvent au Pico Pico.
Sans aucun doute, le Pico Pico est le plus grand bar de la ville et peut-être du monde. Il s’étend sur huit niveaux en sous-sol et continue de se creuser, paraît-il.
Chaque année plusieurs salles sont créées, plus loin, plus profondément.
Sur huit niveaux en sous-sol.
Pour l’instant, le Pico Pico représente une centaine de salles, toutes thématiques, vastes, très peuplées, ouvertes sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt quatre.
On y trouve tellement de choses et entre autres : la salle du Crépuscule des dieux, la salle Souvenir Souvenir, la salle Silencieuse, la salle Débats de société, la salle des Avatars (avec ses imitateurs, sosies naturels, performeurs), la salle de la Dernière Chance, la salle des Rencontres (on y va pour ça), la salle de la Philosophie, la salle dédiée à La Bonne Humeur Française (chaîne de restaurants), la salle de la Douceur (où les clients parlent bas, chuchotent), la salle de l’Avventura et de la mélancolie italienne, la salle des Amis de la Fin du Monde, la salle du Bildungstrieb (le désir de s’instruire)… Plus d’une centaine…
Il y a tellement de salles et nous allons parfois si vite que nous ne savons plus trop où nous en sommes, nous allons et venons, descendons, écoutons de ci de là, c’est grisant, tellement de musiques, aussi, c’est enivrant.
La première fois, il est même conseillé de suivre un guide. Il y a des guides spécialisés dans le Pico Pico.
Kamel m’a dit qu’il fallait d’abord choisir le guide avant de choisir le chemin.
Selon les salles, les ambiances sont entêtantes.
C’est étourdissant.
D’un décor à l’autre, il y a quelque chose de profondément Giovanni Sample. Oui, il y a quelque chose de ces moments où l’on est en pleine exaltation, vous voyez, ces moments où l’on passe frénétiquement, par exemple, de Kraftwerk à Max Roach ou de Michael Jackson à Glenn Gould, de Busta Rhymes à Tron. Du pur esprit Poum Poum Tchac.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=8JyEuk9C4_Q&w=560&h=315]

Peut-on raisonnablement penser que cet endroit est malsain ?
Je vous le demande.

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