Malgré de nombreux exemples historiques et géographiques, les relations trop rapprochées entre frère et sœur ne sont toujours pas conseillées.
Pour être raisonnables, tous les deux (René Frantic et sa demi-sœur, Barbara Hoffman) ont décidé de ne plus se voir tous les jours, de moins s’étreindre, de ne plus se téléphoner plusieurs fois par jour.
Ils font beaucoup d’efforts pour ne plus dormir ensemble.
Ils ont pris des résolutions pour la nouvelle saison.
Ils ne savent pas combien de temps ils vont tenir, mais, épisode après épisode, ils essayent.
Ils ne veulent pas en venir à des ordonnances de vie normale, un puissant sédatif au top des ventes.
Ils ne veulent plus rêver d’Abraham qui prétend (pour ne pas se mettre en danger, se faire liquider par un pharaon par exemple) que Sarah est sa sœur et non sa femme.
Et l’on apprend plus tard que Sarah, sa femme, est effectivement sa demi-sœur.
René Frantic a envie de raconter son histoire avec Barbara, sa sœur, surtout l’enfance et l’adolescence, quand ils étaient ballotés de villa témoin en villa témoin.
Maintenant, René Frantic vit seul dans un immeuble de la rue de la Liberté, longue et grande rue haussmannienne à quatre voies, en double sens. Cette rue ressemble plutôt à un boulevard. Un jour y passera le tramway nommé Mamadou.
C’est une rue presque abandonnée depuis que les appartements ne sont plus loués et que le quartier est en voie de réhabilitation.
La rue de la Liberté où René Frantic habite a été achetée par des fonds de pension et des banques pour être réhabilitée.
Dans l’immeuble où vit René Frantic la plupart des appartements ont été, chacun à leur tour, mois après mois, murés. Avec des parpaings gris à la place des portes. C’est d’un effet.
Cela ressemble à une installation.
L’immeuble prend soudain l’allure d’une vie désertée. Comme s’il y avait eu la guerre. Ou une menace d’invasion.
Chaque fois qu’un locataire déménage ou meurt (façon radicale de déménager au cimetière Entrée définitive), l’appartement libéré n’est plus loué mais il est muré pour éviter les squats.
Sur les cinq étages, quinze appartements sont condamnés avec du béton gris, des blocs de bétons (genre quérons, parpaings) à la place des portes.
Cinq appartements sont toujours vivants, il y a de la chair humaine à l’intérieur.
Ça bouge en interne.
L’étrange est que l’on entend encore des bruits dans les appartements fermés.
Parfois même un téléphone sonne.
Y-a-t-il plus sinistre qu’une sonnerie dans le vide la nuit ?
Un long cri peut-être ?
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