Work hard, play hard

Debout et sans aucune hésitation visible, Mlle Carol Piedtenu a déclaré devant une salle pleine : « Les vêtements trop grands vous vont mal, vous vont très mal, vous déforment, vous altèrent, vous le savez, ils peuvent certes vous ridiculiser, vous humilier mais n’oubliez pas qu’ils peuvent aussi vous grandir. Ils peuvent aussi vous grandir, ne l’oubliez pas, c’est important. Il est malsain de sans cesse limiter son envergure, de faire de ses idées de petits bonsaïs mentaux, de ratatiner sa personnalité, de se restreindre toujours, de ne jamais exagérer, de vouloir toujours être du genre modeste, discret, simple, retenu, raisonnable, à sa taille, à force cela finit par vous rapetisser, vous engoncer, vous limiter, vous faire plus invisible que vous n’êtes et irrémédiablement cela risque de vous effacer. Libérez-vous, non pas par désir de grandeur, ce ne serait que pure vanité, mais par désir d’aération, de liberté, important de s’aérer, de respirer, de bouger. Cela ne fera pas de vous forcément un clown. Si vous ne donnez pas d’envergure à ce que vous envisagez, qui le donnera ? »
Et nous on écoutait Mlle Piedtenu. Nous aussi on avait envie de grandir, de changer, de bouger.
Mon voisin m’a demandé si j’avais déjà participé au grand jeu qui consiste à rôder sur le chemin des douaniers pour attraper un écrivain voyageur au filet ou au lasso. En particulier non loin de la falaise aux parapluies retournés.
– Ah non je ne savais pas que cela existait. Au filet ou au lasso ? Mais pourquoi près de la falaise aux parapluies retournées ?
C’est encore une initiative du commando Thomas Bernhard.
Ils sont terribles. Ils nous amusent mais ils sont terribles.
C’était juste le moment où Mlle Piedtenu nous donnait à entendre Nina Simone qui chante comment on peut n’avoir rien du tout, aucun objet mais quand même la vie. Alors, tous, couverts d’objets, nous nous taisions.

Ain’t Got No…I’ve Got Life – 
Je n’ai rien… J’ai la vie.
I ain’t got no home, ain’t got no shoes 
Je n’ai pas de maison, ni de chaussures 
Ain’t got no money, ain’t got no class
 Je n’ai pas d’argent, ni de classe 
Ain’t got no skirts, ain’t got no sweater 
Je ne possède pas de jupes, ni de pull-over 
Ain’t got no perfume, ain’t got no beer
 Je n’ai pas de parfum, ni de bière 
Ain’t got no man
 Je n’ai pas d’homme
Ain’t got no mother, ain’t got no culture
 Je n’ai pas de mère, ni de culture
 Ain’t got no friends, ain’t got no schooling
 Je n’ai pas d’ami, ni d’éducation
 Ain’t got no love, ain’t got no name
 Je n’ai pas d’amour, ni de nom 
Ain’t got no ticket, ain’t got no token 
Je n’ai pas de billets, ni de pièces 
Ain’t got no God 
Je n’ai pas de dieu
Then what have I got 
Alors qu’est-ce qu’il me reste ?
Why am I alive anyway?
 Pourquoi je vis d’ailleurs ? 
Yeah, what have I got 
Oui, qu’ai-je 
Nobody can take away 
Que personne ne pourra m’enlever ?
Got my hair, got my head
 J’ai mes cheveux, ma tête 
Got my brains, got my ears
 J’ai mon cerveau, mes oreilles 
Got my eyes, got my nose
 J’ai mes yeux, mon nez 
Got my mouth, I got my smile
 J’ai ma bouche, mon sourire
I got my tongue, got my chin
 J’ai ma langue, mon menton
 Got my neck, got my boobs
 J’ai mon cou, mes seins 
Got my heart, got my soul
 J’ai mon Coeur, mon âme
 Got my back, I got my sex 
J’ai mon dos, mon sexe
I got my arms, got my hands 
J’ai mes bras, mes mains 
Got my fingers, got my legs
 J’ai mes doigts, mes jambes 
Got my feet, got my toes 
J’ai mes pieds, mes orteils 
Got my liver, got my blood 
J’ai mon foie, mon sang
I’ve got life
 J’ai la vie
 I’ve got my freedom
 J’ai ma liberté
 I’ve got life 
J’ai la vie
 I’ve got life 
J’ai la vie 
And I’m gonna keep it 
Et je vais la garder 
I’ve got life
 J’ai la vie 
And nobody’s gonna take it away 
Et personne ne me la prendra

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