Un rêve d’appartement-hôtel et de marina culturelle

Alex (nous avons changé le prénom) ne peut pas voyager sans son kit névrotique mais il adore se perdre quelques semaines dans n’importe quel appartement-hôtel le plus impersonnel possible, de préférence dans une zone très aménagée, très fréquentée, où les habitants de passage pullulent mais ne restent jamais plus de trois semaines. Cela stimule son imaginaire, dit-il.
Alex a arpenté les marinas culturelles où sont proposées des centaines d’activités qu’il ne pratique pas mais qu’il aime savoir à proximité. Ces endroits où vous sont proposées des centaines d’activités sportives et culturelles du matin au soir et même dans la nuit.
Il aime se vautrer dans les cauchemars officiels, les délires légaux, les illusions publiques. De toutes façons, Alex prétend que sans fiction il n’y a pas de réel.
Bien qu’il soit persuadé que la résignation ne soit pas un projet, même métaphysique, cela le tente souvent.
Parfois il voudrait que l’on prévoie tout à sa place.
Notre système ultra-préventif finira par commencer dès l’échographie. Ensuite on rêvera d’anticiper les rencontres.
Alex n’utilise plus jamais l’expression pas de souci depuis qu’il a compris que l’expression pas de souci était un billet pour l’entretien avec la psychologue du travail, un symptôme de dépression latente qui mettait la puce à l’oreille des représentants de la médecine du travail selon un grand article de l’Etoile du matin.
Bien qu’il sache que ne rien faire ne repose pas, il est souvent partant pour des journées vides sur la banquette d’un appartement-hôtel au-dessus de la ville. Il prend cela comme un voyage, une aventure, une expérience. Il s’affronte.
Parfois il a des rêves étranges récurrents : dans une ville recouverte de neige la plupart des magasins de vêtements sont remplacés par des librairies. Il paraît que plusieurs restaurants et magasins de chaussures ont connu le même sort.
Il adore s’allonger, écoutant Johnny Cash chantant The Wanderer.

Il adore s’allonger et laisser aller sa cavalerie mentale. Oui, la cavalerie mentale.
Ô comme je comprends ça !

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