Sourires de plastique

Revenue de sa marche de nuit, épuisée, où elle a encore commencé à faire des choses qu’elle n’aurait pas dû commencer, parce qu’elle a du mal à échapper à ses répétitions compulsives qui préparent le terrain aux regrets soupirs et déceptions, elle enlève son manteau noir abîmé, le manteau de Patricia toujours un peu taché de café et, peut-être pour oublier sa pulsion de mort comme le dit le docteur de l’hôpital Saint-Georges, sa tendance à la destruction qui pourtant l’a sauvée plus d’une fois du marasme et de l’ennui mou où tout semble tiède et moite, elle sort de sa poche un carnet et en tire une photographie d’enfants qui jouent, pour la regarder longuement cette image, cette photographie de Marketa Luskacova.

Elle a des lubies comme craquer des mots de passe importés du langage politique dans ce jeu vidéo; en ce moment c’est « Il y a des trous dans la raquette » ou « Si ça continue il n’y aura plus d’air dans le ballon ».
Tu sais, en dehors du tennis de table, les raquettes ont des trous. Quand à l’expression du ministre des finances (il n’y aura bientôt plus d’air dans le ballon…), ignore-t-il que trente pour cent de la population française n’a plus d’air dans le ballon avant le quinze du mois ? Tout en bas près du sous-sol, il n’y a même pas de ballon et l’air on en rêve.

Je m’attache trop à la réalité ?
Peut-être que ma réalité est une habitude en forme de légende. Chaque soir la fille au manteau de Patricia continue de regarder à travers la baie vitrée les lumières de la nuit. Elle a décidé de suivre la thérapie des marcheurs de nuit une ou deux fois par semaine mais elle ne sait pas du tout quand les effets bénéfiques promis commenceront d’apparaître et que les démons s’estomperont.

Elle ne veut plus fréquenter les amis de la fin du monde qui adorent les feux dans des lieux improbables, à la façon des fans de Burning Man.
Quand elle croise les amis de la Fin du Monde elle ne peut s’empêcher d’avoir un pincement au cœur en pensant à son passé dans les fêtes. Malheureusement son amie lui a dit : Tu sais, on ne peut pas remettre le dentifrice dans le tube.

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