Regarder sans voir

Récemment revu La strada de Fellini. Toujours aussi impressionné, touché par ce film. Une chose que je n’avais pas notée : Au tout début du film, Zampano (Anthony Quinn), Hercule de foire, vient acheter Gelsomina (Giuletta Masina), jeune fille timide.
Zampano avait déjà acheté Rosa, la sœur de Gelsomina.
Comme Rosa est morte, alors, il revient pour acheter la sœur, Gelsomina.
Il vient acheter la sœur pour dix mille lires.
Nous sommes dans les années 1950.
La mère qui vend sa fille, Gelsomina, dit à Zampano :
– Vous lui apprendrez le métier, hein ?
– Mais bien sûr, je l’apprends même aux chiens !

Gelsomina celle qui essaye de bien faire, qui veut bien faire et a tout pour admirer.
Comment ai-je pu voir ce film, sans m’apercevoir que Gelsomina avait été vendue par sa mère à un Hercule de foire ?
Je regardais en passant et en glissant.
Je regardais de travers ?
Je regardais sans voir ?

La nuit je fume du haschich dans Saint-André des Alpes désert.
Sur les murs de cet immense salon les pointes de flèches préhistoriques cohabitent avec des monstres japonais plus ancien que le zen et les mangas.
Deux choses blanches sur un mur m’arrêtent et en m’approchant je m’aperçois qu’il s’agit de deux mots et ces deux mots s’affrontent.
D’un côté l’ultracrépidarianisme et de l’autre la gnomorrhagie.
L’ultracrépidarianisme est dérivé de la locution latine Sutor ne supra crepidam (Cordonnier pas plus haut que la chaussure).
Il désigne un comportement consistant à donner son avis sur des sujets à propos desquels on n’a pas de compétence crédible ou démontrée, ce qui peut vite tourner gnomique (c’est-à-dire formé de sentences, de maximes).
Allons, voici le flux des sentences, le tic de Sancho Pança, qui te reprend. Gare à la gnomorrhagie; elle confine au radotage (Amiel, Journal,1866, p. 226)
La gnomorrhagie faisait rage.

………………………………………………………………………………………………………..
Pour celles et ceux qui m’ont demandé comment se passait la sortie du Petit traité bien cuit, voilà des extraits de la revue de presse :

« L’auteur (…) aligne à cœur joie savoureux portraits et anecdotes croustillantes, tout en tramant discrètement une métonymie bien plus sérieuse entre l’art culinaire et celui de l’écrivain » (Bertrand Leclair. Le Monde).

« Portrait de l’écrivain en chef déconcertant » (Jérôme Delclos. Matricule des Anges)

« Jubilatoire machine à fictionner de l’anthropologie un peu détraquée » (Éric Loret. Libération)

« J’ai dévoré ce très singulier Petit traité bien cuit – fin, drôle, ingénieux(généreux) – avec plaisir. Peut-être parce que, ne se contentant pas d’appliquer des recettes (y compris littéraires), il se frotte à l’ethnologie ou à la poésie. »
(Christian Rosset. Diacritik)

« Comment quitter [la bibliothèque] de Jean-Pierre Ostende, grande ouverte sur sa cuisine ? »
(François Huglo. Sitaudis)

« Un parcours drôle, incisif, parfois hallucinant »
(Jean-Paul Branlard. Les Nouvelles de la Gastronomie Française)

« Un ouvrage « curieux », à l’image de son auteur, utile et plus que nécessaire. » (La Guilde des terroirs)

« Il faut absolument lire ce Petit traité bien cuit très distrayant et plein de séduction. » (Patrick Amine. Expo revue)

« Ce petit livre inclassable est un vrai régal »
(Sophie Joubert. L’Humanité)

Le livre est en librairie, sinon sur le site des éditions de la Bibliothèque.
Ici.

Partager ce texte...
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.