Clowns ou zombies

Clowns ou zombies, il n’y aurait pas d’autre voie, voilà une des nouvelles théories qui agitent le public durant les débats du Pico Pico.
A cette époque le parti de l’impasse se renforce et caracole.
Les guides de maisons de la désolation aux couloirs étranges ont de plus en plus de clients dans leurs jeux vidéos.
De plus en plus d’enfants s’enferment dans leur chambre.
Vous m’avez conseillé de suivre Linda La Plante, d’étudier sa façon de virevolter et il est évident qu’elle n’a jamais cessé d’être déroutante. D’où que l’on aborde Linda La Plante, elle ne laisse pas résumer. Elle n’a rien de ces personnages de spot publicitaire qui infestent les soap opera (roman-savon au Québec) et les téléfilms.
Même ses initiatives pour créer des mouvement différents (comme Défense des tristes ou Je suis de nulle part) ne la limitent pas à une fiche sociale.
Au moment de notre rencontre, elle en avait après cette théorie à la mode selon laquelle le monde se divise en clowns ou zombies : ceux qui sont risibles ou ceux qui souffrent en silence.
Elle pensait qu’il y avait une troisième voie, étroite peut-être, mais une troisième voie. L’alternative unique clowns ou zombies lui paraissait trop commode. Quelqu’un avait lancé cette théorie des clowns ou zombies mais qui ?
Linda La Plante a commencé d’enquêter et elle a toujours du goût pour les enquêtes. C’est son passé de journaliste piquante et acharnée qu’elle n’a pu enterrer le jour où elle a décidé de fermer l’ordinateur, de clore tous ses comptes et de disparaître de la Toile.
Il lui semblait qu’en allant boire au Pico Pico chaque soir elle finirait par trouver l’auteur de la théorie clowns ou zombies.
En même temps, elle a été contaminée par une des obsessions de son époque : « N’écris pas ce que tu sais. » Elle assure que cela complique la tâche quand on mène une enquête.
Surtout que personne ne l’oblige à mener cette enquête. Personne. Tout le monde s’en fout de son enquête. Personne ne veut la financer. Elle traîne un peu partout et commence ça de sa propre initiative, en finançant l’enquête avec ses fonds propres et maigres – sans rien demander à personne – en solo sur des sujets qui viendraient à l’idée de personne.
Elle ne veut pas s’aigrir. Elle ne veut pas marmonner.
Que faire pour ne pas s’aigrir ?
Que faire pour ne pas marmonner ?
Elle prétend que celui qui trouvera les réponses à ses deux questions (la méthode pour ne pas s’aigrir ni marmonner) fera fortune.
Ne pas finir amère comme sa mère est une brochure provocatrice qui a circulé pendant quelques mois.
Linda La Plante a écrit une réponse à la brochure Ne pas finir amère comme sa mère pour défendre l’amertume des mères qui y avaient sombré, souvent avec raison, abandonnée, sans emploi, à un âge où l’on ne retrouvera plus rien, ni du côté cœur, ni du côté portefeuille, et où il est trop tard pour se former, larguée, abandonnée.
Faudrait-il en faire le diagnostic ?
C’est ainsi que la proposition (commerciale) Faites l’aller-retour jusqu’au bout de vos rêves s’est avérée illusoire dans bien des cas

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