Atelier de développement de l’imaginaire

L’atelier de développement de l’imaginaire numéro 128, en sous-sol et particulièrement pendant les nuits glaciales de l’hiver, propose de courtes fictions introduites par un dialogue. Les participants (tous genres confondus) sont invités à poursuivre et même détraquer, déranger, troubler tout ce qui leur est proposé. Par exemple :
Marthe Bonnard dit à son mari Pierre Bonnard :
– Tu sais, Pierre, j’en ai assez de poser nue dans la baignoire. Je me les gèle. Tu crois vraiment que c’est sain de me mettre tous les jours pendant des heures à poil dans la baignoire ?

Là-dessus, chaque participant doit prolonger à sa façon, écrire les séquelles, la suite « et faire voler la plume ».
Peut-être par pudeur ou timidité, gaucherie de jeunes gens empruntés, la baignoire est la première question que les garçons mettent en avant. Bien plus que la nudité. Seulement huit pour cent s’attachent à la nudité. Les choses ont changé, l’appréhension est générale.
Pourquoi dans la baignoire ? est la question la plus souvent posée.
En revanche les filles, elles, et sans se consulter, ni probablement par crainte de la baignade ou de l’eau froide, ont plutôt tendance à se demander pourquoi nue ?
Tout est possible, avec l’imaginaire, la mélancolie et la drogue, c’est ça qui permet de vivre, y compris le changement de baignoire ou même, c’est l’époque, des femmes peintres qui feraient poser leur mari nu (exceptionnel) mais en ont-elles envie ?
Primée pour son éloge (genre littéraire qui revient à la mode) de l’avant-dernier restaurant avant la fin du monde, l’animatrice répond à chaque question. Elle dispose d’une quantité de devinettes. Elle aime que le groupe participe. Comme tous les animateurs, c’est une manipulatrice qui infantilise un peu le public. Parfois un débat s’ouvre et se complique, l’embrouille est proche (il paraîtrait qu’il ait mis bien des femmes dans l’eau du bain pour la peinture (on parle même de prétexte)). Le sujet s’y prête.
Situation amoureuse : Compliquée.
La réponse de Bonnard : « – Tu préfères habillée ? » est la moins fréquente. Elle est, pour ainsi dire, rare.
Ou Madame Bonnard tirant la langue comme Gérard Mas, rare aussi.
En revanche le candaulisme est sujet à plusieurs reprises.
Mais y a-t-il candaulisme ? se demandent les puristes dans chaque groupe, les puristes s’intéressent à la question de tous ces peintres qui ont déshabillé leurs femmes pour les montrer à tout le monde.

D’après les puristes, amis de l’œil, historiens de l’exposition, spécialistes de la serrure mentale, le candaulisme consiste à montrer sa partenaire ou son partenaire à d’autres hommes ou femmes (ou panaché).
Le terme de candaulisme est aussi utilisé quand des rapports sexuels ont lieu entre une femme ou un homme et un ou plusieurs hommes ou femmes en présence de son ou sa partenaire voyeur ou voyeuse.
Il est encore assez rare qu’une femme pratique le candaulisme et lorgne son partenaire (masculin, femme ou moite-moite) en train de forniquer.
Cela vient de Candaule, roi de Lydie, qui montrait sa femme nue à son garde du corps, Gygès.
Il n’est jamais question de baignoire.
Et tous les peintres de nus ne sont pas dans cette histoire. Pas Ramon Casas, par exemple, avec le livre jaune de la décadente qui a ouvert aussi un atelier de l’imaginaire.

Est-ce que ceux qui font circuler les images, qui les partagent, appartiennent à cette histoire candauliste ?
Ce n’est pas la même chose, dit l’animatrice. Pas du tout du tout du tout.
Partager c’est partager.
Et qu’est-ce que tu partages quand tu partages ?
Vous voyez du candaulisme partout jusque dans les chandeliers et les miroirs.
Faut-il s’y résigner ?

_____________________________________________________________________________________________________________________
En lien avec l’histoire sauvage, une pièce radiophonique à écouter en podcast, diffusée le samedi 1er septembre 2018 de 21h à 22h
(mettre en lien :
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/la-reserve-noire-de-jean-pierre-ostende

« La réserve noire » de Jean-Pierre Ostende
Une réalisation de Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Caroline Ouazana. Assistant à la réalisation : Félix Levacher
Avec :
Mohamed Rouabhi (Régis Legrand) Pierre-Jean Pagès (François, le père)
Agnès Sourdillon (Sylvie, la mère) Baptiste Dezerces (Sébastien, le fils)
Lyn Thibault (Tatiana, la fille) François Siener (André, le grand-père)
Bernadette Le Saché (Rosemarie, la grand-mère) Miglen Mirtchev (Thomas, le résident) Lara Bruhl (Suzie, la résidente)
Bruitages : Benoît Faivre et Patrick Martinache
Equipe technique : Eric Boisset, Mathieu Le Roux

Ou encore en 2017 : Souffrir à ST Tropez.
première partie :
deuxième partie :

Partager ce texte...
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.