Conflit des camions snacks dans la ville ardente

Quand on regarde la mer, on ne peut s’empêcher de voir ces cargos échoués à droite et à gauche. Certains sont habités depuis des années par des squatteurs marins.
Ils sont plus rares mais il y a aussi des paquebots en rade. Ça fait la joie des familles venues se promener pour admirer le paysage.

croisière
Sur le rivage, surtout pendant la période des bains de mer et de la haute fréquentation touristique, une centaine de camions snacks côte à côte dessinent un ruban coloré le long de la mer : la progression professionnelle la plus forte de l’année.
Qui ne connaît pas un chômeur ou quelqu’un qui connaît ou a entendu parler d’un chômeur qui s’est lancé ou qui a essayé de se lancer dans le camion snack ? Qui n’a pas pensé un jour : « Mais d’où viennent tous ces camions snacks ? D’un autre monde ? »
Le classement des frites au patrimoine mondial n’a pas ralenti le mouvement.
L’agressivité des frites a payé.
A Bruxelles le lobby du jambon-beurre se bat pour faire modifier la législation.
En même temps, dès les premières diffusions du film Men in Black, des spécialistes du complot ont laissé entendre que les camions snacks abritaient parfois des extraterrestres. C’est exagéré. Toutefois, le court hommage à la série de films, les hommes en noir, diffusé sur les murs de la salle Films expérimentaux au Pico Pico, attire les regards.
Les hommes en noir.
Aux marcheurs de nuit aussi nous avons évoqué les extraterrestres et la guerre des camions snacks.
Depuis quelques années, avec des hauts et des bas, des explosions et des réconciliations, la guerre des camions snacks est presque permanente et incontrôlable. Les forces de l’ordre et les moteurs de recherche ont uni leurs forces.
D’après les spécialistes de la petite restauration mobile, cette rivalité continuera aussi longtemps que les camions snacks ne seront pas répartis à égalité entre les quartiers – ce qui est impossible à réaliser (et probablement peu souhaitable d’après les experts) – parce que personne ne veut se contenter d’une seule variété, personne ne veut dans ses rêves (ou dans le pire de ses cauchemars) se satisfaire de zones à nems et de zones à jambon-beurre ou à merguez, de zones à sushis et de zones à kébabs ou à currywurst (saucisse au curry), de zones à pizza ou à hot dog (chien chaud)… et tout le monde veut de la diversité, de l’altérité et de la différence (en matière de camion-snack).
Il ne suffit pas de délimiter les emplacements pour éviter la guerre des territoires. Vous me rappeliez à juste titre les batailles de ZAD (zones à défendre) entre pro friture et anti friture (proche du mouvement pour un avenir décarboné).
Comme le disait si bien une merguez favorable à l’esprit d’entreprise transnationale : « Celui qui compte sur les chaussures d’un mort marchera longtemps pieds nus. »
A quoi un kebab, pour défendre le pragmatisme, avait répondu : « Si vous entrez parmi les borgnes, fermez un œil. »
La sagesse est un petit plus qui fait toute la différence.

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