Minnie revient dans la vie de Dark Vador

Pendant que les esprits les plus acérés de Notre-Ville sont préoccupés par l’affrontement titanesque entre Madame la juge chargée de la lutte anti-maffia et la marraine de la maffia locale (mix de ménade, chimère, harpie et revival Gorgone), toutes les deux transsexuelles, toutes les deux se livrant un combat très intellectuel et sophistiqué (l’intelligence du crime est sans limite), Minnie a l’intention de simplement retrouver Dark Vador (pour l’état civil Marc Victor). C’est pour cela qu’elle est revenue dans Notre-Ville.
Un jour il a cru l’apercevoir sur le port et il s’est vite éloigné. Il a encore essayé de l’oublier pour éviter de se torturer avec les souvenirs de la caravane au milieu du champ, la boue, la pluie, la mémoire des parcs d’attraction avec elle en costume de Minnie rapiécé, à son bras, dansant tous les deux la danse de la saucisse devant les enfants aux joues pleines de chocolat fondant et leurs parents bouches ouvertes, buvant le soir au fond d’un pub en bois (elle une bière avec de la grenadine et lui une Grimbergen), écoutant la musique anglaise assis sur un banc de style bûcheron, dans un décor de film gothique où l’on attendrait plutôt la visite de la famille Addams et de Marylin Manson.
Minnie (Martine Berluchon à l’état civil) est revenue avec sa robe à pois rouges, son sac en bandoulière, sa grosse tête de souris de Minnie en carton et l’envie de tout reprendre avec le tatouage forever et Dark Vador, sans se douter le moins du monde qu’il a commencé une autre vie avec une fille de la chambre du commerce et de l’industrie (aussi mère blafarde qu’il est père blafard, prénommée Barbara, Barbara Hoffman (celle qui est inquiète que son frère René Frantic ne devienne fou dans son immeuble où les trois quarts des appartements sont murés pour éviter les squats en attendant la destruction-reconstruction)).
Martine Berluchon, dite Minnie, cherche Marc Victor tous les jours en arpentant le port avec sa tête en carton de Minnie et elle partage une petite chambre d’hôtel avec un Mickey qui pourrait être son père (un sugar daddy (papa-gâteau très ambigü)). Leur hôtel se trouve dans les vieux quartiers où vivent un grand nombre d’immigrés assez âgés et seuls souvent debout le long des murs.
Elle pense qu’un jour elle va tomber sur Marc Victor parce qu’elle est sûre qu’il n’a pas quitté Notre-Ville. Elle lui a écrit une lettre qu’elle veut lui remettre en mains propres (les intermédiaires, c’est sale) et qui commence par : « Mon grand cérébral et timide tu me manques comme jamais et quand est-ce que nous allons nous retrouver… tu te souviens de notre duo ? Je n’ai pas cessé de zozoter et j’ai toujours mon cheveu sur la langue. »
Elle traîne ainsi, se demandant que voir dans Notre-Ville ? Que faire ? Que penser ? Que dire ? Que boire ? Que manger ? Que photographier ? Que retenir ?
Et le soir il lui arrive d’aller regarder de vieilles filles du bord de mer danser, à la façon de celles qui dansent dans le tableau de Winslow Homer intitulé : Summer Night.
summer night Winslow Homer

Partager ce texte...
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.