Le rédacteur Moralès cousin de Carol Piedtenu

Au parc Bellagio, au centre d’une clairière, dans l’espace (tout devient espace) des libres parleurs, comme chaque jour, peu importe le temps, se trouve une foule d’auditeurs maniaques des discours prononcés en plein air.
Un samedi matin la conférencière de plein air (nous y reviendrons) a invité Maurice Moralés (rédacteur en chef) dont le discours est très écouté (il a reçu une fois le prix du Grand Observateur mais aussi, il s’en vante moins, le Prix du Faux-Cul club du Journal satirique).
Ce samedi matin il nous prévient (nous sommes une vingtaine) que la majorité de la population, dans Notre Ville, s’intéresse à peu de choses en dehors de la famille (réunion de névroses). Moralès adore prévenir.
Il nous conseille d’admettre ça (la majorité de la population, dans Notre Ville, s’intéresse à très peu de choses en dehors de la famille) pour nous protéger de toutes les déceptions, nous cuirasser, nous blinder. (Mais de quoi ? on pense).
Sinon, continue Maurice Moralès le rédacteur en chef, l’immense majorité de la population de Notre Ville ne serait pas si facilement hypnotisée et obsédée par les soldes et les ventes flash.
Ça me décourage.
Plus loin, près du chêne et des cercles de Taï-chi-chuan au ralenti, assis dans l’herbe, participants imperturbables de l’atelier de poésie en plein air, les amis de la beauté déclament :
L’homme et la femme
Plongés sur leurs smartphones
Silence

C’est ton SMS
Qui a chanté
Coucou

Sur la vaste toile
En malade
Je télécharge

Pizza en main
Emporté
Par le streaming

Carte bloquée
Plafond atteint
Déception de printemps

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