Soirées pensantes, pinçantes

Les soirées pensantes sont soutenues par la mairie et la guilde des cafés philosophiques.
Si l’on n’aime pas la soirée pensante, drogue légale que l’on peut trouver trop austère et cafardeuse, il est possible d’aller se consoler dans un des bars du Pico Pico pour entendre les conversations et les dernières trouvailles des gagmen du Président qui savent tordre les débats.
Le rire enregistré est inquiétant et nous renvoie au Moyen-Âge mal éclairé.
Les humoristes sont devenus les maîtres partout et ricaneurs.
Il se trame quelque chose.

Toutefois, le thé pensant est à la mode.
Elle est bien morte la crainte du doigt en l’air et l’accusation de chochotterie caractérisée en réunion d’intellectuels coupeurs de cheveux en huit.
Le thé pensant est ouvert à tous et toutes.
Dans notre société électrique les générations n’existent plus.
Pas plus les genres ou les partis politiques.
Ni même les Beaux-Arts.
Ce n’est pas parce que l’on ne dit rien que l’on pense plus.

On nous propose l’installation de nouvelles montagnes dans les faubourgs et deux mille cinq cents chemins de randonnées susceptibles de transformer le quartier en haut lieu de la marche en montagne.
Au grand étonnement de plus de quatre milliards d’êtres humains sous-alimentés et piétons par nécessité, certains de nos compatriotes payent cher pour marcher sur le sable et en montagne durant leurs vacances.

Et à côté des montagnes, on nous a promis la maison d’Edgar Poe, une reproduction de celle qui se trouve dans le Bronx ; la nouvelle a été applaudie par l’Amicale de la vie fantastique.
Nous avons tellement besoin de changement. Nous sommes si fragiles et sensibles à la répétition.
Nous nous lassons si vite de tout, nous sommes si alphabétisés.
Même si peu à peu le tribal revient fort et fait battre nos cœurs.

Partager ce texte...
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.