Nous tâtant depuis si longtemps

Le conseil municipal se tâte franchement au sujet des prochains investissements lourds en matière d’aménagement urbain, Madame la maire aussi se tâte des heures, parfois des jours entiers, il lui est arrivé de se tâter durant des semaines sans vraiment se décider, tout en demandant au service des sondages de tâter clairement le terrain, de consulter les experts (longtemps nous tâtâmes le plus de monde possible et sans discrimination), le premier adjoint se tâte férocement et sans compter les heures ni les manipulations parfois complexes et sa pensée parfois s’enroule, le deuxième adjoint se tâte avec application et persévérance, tous les adjoints avec plus ou moins de précision se tâtent, parfois ensemble, parfois à tour de rôle, la façon de se tâter n’a pas d’âge ni d’horaire, seuls ou en groupe et cela se lit sur leur visage fatigué, leurs yeux cernés, se voit à leur air mi résolu mi dubitatif qu’ils se tâtent obstinément et qu’ils n’ont pas fini de se tâter, selon les séances ils se tâtent jusqu’à point d’heure et profondément, ils préfèrent dire qu’ils réfléchissent, qu’ils étudient, examinent mais au fond cela revient au même et cela dure des jours, des semaines à se tâter et à n’importe quelle occasion, ils se tâtent, par exemple, ils se tâtent pour savoir s’il faut accepter le Grand Prix d’inutilité publique que le grand journal satyrique veut leur attribuer ?
Le prix d’inutilité publique, il y en aurait tant à distribuer. Il est peut-être temps d’arrêter de dévaluer notre propre action.
D’autre part, c’est inévitable avec le temps et l’habitude, bien que certains se tâtassent sérieusement, beaucoup se tâtaient à la légère.
Personne ne pouvait imaginer ni croire qu’ils se tâtassent toujours à bon escient.
A noter : A chaque fois qu’une bonne décision était prise, cela n’arrivait pas souvent, mais quand cela arrivait, les anges étaient là, et nous, on chantait selon la tradition : Il est né le divin enfant.
Souvent en écoutant Siouxsie and the Banshees…