Pour le début de l’année, au nom de Madame la Maire, le porte parole de la mairie, surnommé Pom Pom Boy, s’est lancé dans un long et sinueux discours pour rappeler à la population que la non assistance à personne en danger était un crime puni par nos tribunaux et qu’une personne qui fuyait la guerre était une personne en danger.
Le porte-parole a commencé son allocution par une brève histoire de la planète.
Au début sur terre, a-t-il déclaré entre autres, tout le monde est à quatre pattes ou presque.
Il a fallu du temps à l’être humain pour se dresser et tenir debout sur ses membres inférieurs. Il lui a fallu encore plus de temps pour apprendre à faire du feu, à compter et créer ne serait-ce qu’un vélo.
Au début sur la terre, c’est le chaos. Tout le monde ou presque se lance des pierres, des jurons ou des os. Les hommes se mangent entre eux.
Peu à peu les êtres humains s’organisent en groupes, en bandes. Ils forment des gangs, des familles. Ils construisent des abris. Ils inventent la roue mais pas partout.
Ces gangs, bandes, clans, tribus, hordes, familles en attaquent d’autres.
Ils échangent aussi un peu de tout, c’est le troc.
Ces gangs, bandes, clans, tribus, hordes, familles changent de territoire. Ils tuent, violent, pillent, s’installent, se font chasser, chassent, ripostent, attaquent. C’est la vie.
Ils cherchent à se nourrir. Pour cela ils cueillent, pêchent, attrapent, piègent, tuent, chassent, cultivent, parquent les animaux, bref, ils veulent se défendre et survivre.
Puis, ils se structurent un peu plus, inventent des cours, des rois, des seigneurs, des colliers, des chapeaux.
Ils créent des châteaux et des routes, des cartes de géographie et des flûtes.
Tous les seigneurs sont des chefs de gangs et ils vendent leurs filles à d’autres chefs de gangs pour réaliser des alliances et renforcer leurs liens et leur pouvoir. Ils n’ont que des pierres, des arcs et des armes blanches. Bien qu’ils ne connaissent pas Picasso, à un moment ou à un autre de sa vie chaque Seigneur paraphrase Picasso sans le savoir en disant : « Quand je suis fatigué de tuer, je tue pour me détendre. »
Ils divisent le temps, ils créent des calendriers.
Ils créent la monnaie et les jeux d’argent.
De tous ces tas d’argent et d’or, de souffrances et de malheurs, naissent aussi de magnifiques objets.
Ils se raffinent, ils chantent.
Même pour tuer, exploiter, piller, ils se raffinent.
Ils fabriquent des instruments de musique. Ils chantent des poèmes.
Ils construisent des cathédrales et brûlent ceux qui n’y croient pas. Ils se sacrent entre eux, se couronnent, s’allient, se tuent encore et encore.
Ils découvrent les étoiles, les fleuves, les mers, les continents.
Ils s’exploitent les uns les autres.
Et après, c’est nous.
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A partir d’aujourd’hui lundi 2 janvier 2017 est posté un texte tous les quinze jours.