Un tramway de rêve

Souvent, la nuit, le tramway éternel roule dans la neige à travers une ville qui m’est inconnue et familière. C’est le tramway nommé Mamadou, entre les fumées noires et la neige sale… et à ce tramway s’attache le souvenir collant d’un couple libertaire, spécialiste des bonnes causes et de la charité, toujours une fille au pair à portée de main (comme on les surnommait), issus tous les deux d’une bonne famille (endroit de tous les dangers), de parents plutôt pieux… ils avaient sponsorisé Le chœur dément des vieilles filles… et son tube Moque-toi mon gros lourd…
C’est l’année où, pour la première fois, avait été décerné le prix du corps le plus contemporain… Avec catégorie homme, femme et moitié-moitié. La remise du prix avait donné lieu à de longs articles (où l’on détaillait les interventions) dans L’Etoile du Matin et des éditoriaux du rédacteur en chef surnommé Kisétou.
Dans l’éternel tramway grinçant, berçant, nous traversons le quartier des bâtiments municipaux et l’allée des manifestations autorisées, avec ses caméras et ses grilles protège-vitrines…
Là où, récemment, des parents ont manifesté une fois de plus contre le port de gilets pare-balles par les élèves dans les collèges.
Nous passons devant la Grande Bibliothèque Coluche qui est devenue un immense lieu d’accueil et de distraction. La bibliothèque est ouverte sept jours sur sept, vingt quatre heures sur vingt quatre. Elle dispose aussi de salles d’études et des livres anciens dans le Fonds spécial. On peut y réviser des examens, écouter de la musique, assister à des concerts et des conférences-spectacles, voir des films, utiliser des ordinateurs, suivre des cours, participer à des débats, manger, dormir, même danser.
Sur les murs il y a toujours quelques mots d’auteurs de passage comme : Aucune maison ne peut loger le désir (Serge Daney).

Jean-Charles Massera

Jean-Charles Massera

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