Un artiste dans la purée

Vous m’avez envoyé l’article du rédacteur en chef de l’Etoile du Matin sur la plus longue enquête de pédophilie du siècle intitulée La fin des différences. Il y est fortement question de l’électricité généralisée. Cela me laisse perplexe.
A mon tour, je vous fais parvenir cet entretien avec un artiste de la purée (ceci n’étant pas une réponse à cela).
– Vous reconnaissez volontiers ne pas être le premier à dessiner et sculpter dans la purée. Pourtant, vous êtes probablement le premier à le faire avec autant d’acharnement et de diversité.
– Oui. Je suis peut-être le seul à avoir autant travaillé ce matériau, ce matériau si familier, depuis si longtemps et de façon si poussée, surtout hors les murs, c’est évidemment une idée que j’ai exagérée, à l’image du monde.
– Et vous avez commencé tôt ?
– Comme chacun, par accident, tout le monde a été un jour un artiste de la purée, vous aussi… Après c’est une question de tempérament. Comme beaucoup j’entends souvent des réflexions du genre « Mon fils peut en faire autant » et je réponds « Qu’il le fasse. »… Comme tout le monde je crois que la chaise haute a été mon premier atelier en même temps que mon premier travail in situ et que je partage ça avec une grande partie de l’humanité, parce que c’est une façon de supporter notre monde. A la fois une prière et un jeu.
– La différence, c’est que vous avez continué. Cela fait maintenant cinquante ans que vous êtes dans la purée. Vous dites que c’est toujours une énigme. Vous n’avez jamais pensé travailler la patate sous une autre forme ?
– Oh oui. Mais j’ai préféré me limiter à la purée qui est un langage à elle seule. Less is more. C’est ma ténacité malgré tout et un profond attrait pour la patate écrasée, exprimée donc. Je me suis accroché et j’ai trouvé une sorte d’équilibre dans cette simplicité et cette profondeur de la purée. C’est une façon de vivre. A propos de ténacité, d’obstination, voire d’aveuglement, je me souviens d’une phrase lue sur un mur et longtemps je me suis demandé quel genre de personne pouvait écrire ça :
« Si tu me quittes, est-ce que je peux venir avec toi ? »

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Lecture de l’histoire sauvage à Khiasma le jeudi 24 septembre 2015 à 20H30.
Les renseignements : http://www.khiasma.net/rdv/histoire-sauvage/

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