Qu’est-ce que tu veux ?

Les services de la mairie enquêtent et proposent une interrogation prétendument majeure (selon les experts de l’observatoire de la santé mentale) en demandant aux habitants de travailler le plus tôt possible et de façon assidue partout dans la ville à la question : « Qu’est-ce que tu veux ? Qu’est-ce que vous voulez ? »
– Et toi qu’est-ce que tu veux exactement ?
Comme le fait remarquer l’éditorialiste de l’Étoile du matin, c’est la question qui troue l’épisode neuf de la saison six de Walking Dead (durant lequel Daryl tue les Saviors avec un lance-roquette tandis que Rick et sa petite bande traverse en serrant les fesses une foule de zombies grâce à une combine que je conseille à tous : leurs vêtements sont couverts de sang de zombie et ça marche). De nombreux spécialistes (aussi bien en dynamique de groupe qu’en dynamique entre les groupes) sont d’accord là-dessus, une grande partie de la série s’appuie sur la question : « Qu’est-ce que tu veux ? »
Or, Madame la maire adore cette série. Elle en dévore chaque épisode.
Il n’y a pas à en sortir, a-t-elle dit. Il faut commencer par cette question :
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Et non pas par les régimes minceurs ou par la fascination pour le retour de M. Brun-Dynamite (le revival de James Brown), cet artiste américain né en 1933 mais certains disent 1928, le roi du funk, ancien délinquant coquet charismatique, boss de la syncope et de la rupture déstructurée, lit on partout à son sujet. Tout le monde se souvient encore de la campagne pour une ville partagée et des écrans sur la plage où l’on diffusait entre autres le duo entre Pavarotti et James Brown.

Une époque de ténèbres et de jeux. It’s a man world.
Personne n’a oublié la reconstitution de l’émouvante scène à bord du Hareng-saur épileptique, en hommage au premier bateau du peintre Paul Signac (ami de Cézanne), pour un voyage dans les ténèbres. Toutes les ténèbres ne se ressemblent pas. On y sourit plus ou moins. Dans les ténèbres, c’est l’avantage, on ne fait jamais son âge. It’s a man world.
Il y a une salle du Pico Pico : Dans les ténèbres. Il y a une visite guidée de l’office du tourisme des bizarreries (Dans les ténèbres) dont l’annonce est : Vous ne rêvez pas, vous êtes dans les Ténèbres. Passez le test des Ténèbres est un jeu. Ça commence avec une question typique des jeux télévisées : « Quand on est mort on ne s’en aperçoit pas, c’est surtout l’entourage qui souffre, non ? » Et si vous répondez oui, l’animateur dit invariablement : « Être con, c’est pareil. »
– On ne peut pas recruter les gens avec ce type de question. Les professionnels des ténèbres assurent qu’il y a les grandes ténèbres et les petites ténèbres, les ténèbres noires et les ténèbres blanches, le désert et la forêt, les cris et le silence. Certains reviennent d’un long voyage dans les ténèbres glacées.
Les ténèbres c’est aussi le surnom d’un hôpital psychiatrique de la ville, « La côte bleue Charcot ». C’est aussi un lieu de rachat, un purgatoire où l’on paye fort cher pour racheter ses fautes.
– Il y a des ténèbres lumineuses, vous vous croyez perdu, en dehors de tout, exclu, oublié et puis soudain il y a cette zone de ténèbres lumineuses, vous savez alors que vous êtes passé, à travers, que vous êtes au-delà… parce que sans ténèbres il n’y a pas d’existence…
– Sans ténèbres il n’y a pas d’existence… je vais y penser… plus que vous ne le croyez … sans ténèbres il n’y a pas d’existence…
Elles sont bien d’accord toutes les trois, celles qui jouent aux cartes, les trois revenantes. Margaret Thatcher (chimiste, avocate et premier ministre anglaise surnommée la dame de fer), Simone-Lucie-Ernestine-Marie Bertrand de Beauvoir (philosophe romancière surnommé le castor ) et Philippine Bausch (née en 1940 à Solingen, chorégraphe et danseuse, surnommée Pina).

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Lecture d’un inédit de l’Histoire sauvage le jeudi 21 juillet 2016 à la librairie l’Odeur du Temps (35, rue Pavillon Marseille (1er)), à 19 heures.

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