Même un gland peut donner un chêne

Même un gland peut donner un chêne.
Cela s’est vu. Et plus d’une fois.
C’est la nature. Elle fait des glands, les glands font des chênes.
La nature est étonnante. On l’aime aussi pour ça : sa fantaisie, sa bizarre façon d’étonner (le zèbre, la girafe).
Le discours de Carol Piedtenu commence ainsi et à chaque fois le public est absorbé, presque endormis comme si elle pompait doucement leur cerveau.
Même un gland peut donner un chêne, voilà le titre de son livre de conseils en développement humain.
On se l’arrache. On se déchire à chaque réédition complétée. Parfois il ne reste que des lambeaux. Même les rats qui ont des oursins dans les poches en veulent, c’est dire.
Même certaines personnes dont on n’aurait pas cru qu’elles puissent en arriver là aux mains se l’arrachent.
Ensuite, de sa voix quand elle veut grave, Carol Piedtenu poursuit sa conférence toujours avec une allusion aux slogans qui couvrent les murs de la ville.
Même si nous avons tous nos espoirs dans le moindre gland (surtout s’il s’agit de notre enfant), il faut avouer que le slogan « On ne lâche rien » n’est pas apprécié ni soutenu par les spécialistes de l’équilibre psychique.
Cela dit, le lâcher-prise peut jouer des tours (dit une fille aux yeux malins dans la salle (elle a une tête à chantonner en douce dans un film marginal américain entre Harmony Korine et Sean Baker)).
Ah bon ? Le lâcher-prise peut jouer des tours ?
Si vous êtes alpiniste, par exemple.
Oh ! Mademoiselle vous avez l’œil qui voit la faille partout.

Projection de la toile d’Adam Brenner avec les enfants pour un public attentif.
S’ensuit une discussion sur les montagnes. Et pourquoi avons-nous ce désir de grimper ?
Vous savez ce que disent les Africains des gens qui grimpent ?
Non.
Celui qui monte en haut de l’arbre, à la fin ne montre que son cul.
La réussite n’est pas encouragée en Afrique ?
Je préfère méditer.
Vous y croyez ? Vous croyez à la méditation ?
Vous n’y croyez pas ?

Projection de la photographie de Pierre Jamet.
C’est quand même effrayant de voir que David Lynch médite tous les jours.
Ah bon ?
Il le répète partout qu’il médite. Je me demande même s’il ne le dit pas un peu de façon provocatrice. Et quand tu vois ses films. Et la série Twin Peaks par exemple qui hallucine profondément les comportements. Tu es obligée de t’interroger: Vraiment ? Cet homme médite tous les jours ?
Cela fait peur.
J’aime ça.
Tu aimes ça ?
Oh ! Je ne peux pas me demander tous les jours si j’aime vraiment les choses que j’aime.
Mais nous aimons tous Siouxsie and the Banshees chantant de façon hypnotique il est né le divin enfant.

On adore.

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En lien avec l’histoire sauvage, une pièce radiophonique à écouter en podcast, diffusée le samedi 1er septembre 2018 de 21h à 22h
« La réserve noire » de Jean-Pierre Ostende
Une réalisation de Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Caroline Ouazana. Assistant à la réalisation : Félix Levacher
Avec :
Mohamed Rouabhi (Régis Legrand) Pierre-Jean Pagès (François, le père)
Agnès Sourdillon (Sylvie, la mère) Baptiste Dezerces (Sébastien, le fils)
Lyn Thibault (Tatiana, la fille) François Siener (André, le grand-père)
Bernadette Le Saché (Rosemarie, la grand-mère) Miglen Mirtchev (Thomas, le résident) Lara Bruhl (Suzie, la résidente)
Bruitages : Benoît Faivre et Patrick Martinache
Equipe technique : Eric Boisset, Mathieu Le Roux

Ou encore en 2017 : Souffrir à ST Tropez.
première partie :
deuxième partie :

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