Marcheurs de nuit, frères et sœurs

Parfois aux marcheurs de nuit, nous nous sentons comme des frères et sœurs. C’est vrai. Nous nous sentons proches les uns des autres, comme si traversant une guerre nous nous étions abrités sous les mêmes décombres, comme si nous avions partagé une enfance à essayer de nous en tirer, comme si nous nous étions réveillés ensemble et ça, cette sensation, cette sensation de communauté, elle est arrivée simplement, à force de sillonner, zigzaguer, louvoyer entre les immeubles de la ville, des immeubles dont certains restent allumés toute la nuit.
Nous nous arrêtons plusieurs fois pour boire mais aussi pour dîner et pour parler.
Jacques Marchal a évoqué plusieurs phénomènes contemporains qui le travaillaient : par exemple l’émission Divertissement et Philosophie, un nouveau concept. Du music-hall, de la philosophie et des chansons. En concurrence avec Concepts et chansons. Jacques Marchal est bien le seul à être travaillé par une émission de divertissement.
Il a parlé aussi de la récente multiplication d’offres de rencontres d’artistes vivants dans leur milieu naturel (récemment les services culturels proposait une rencontre d’artistes évoluant dans leur biotope, ateliers d’artistes regroupés). Il ne sait pas comment expliquer, justifier, éclaircir ce mouvement, si présent en Occident. Ces offres de rencontres d’artistes accompagne, selon Jacques Marchal à juste titre, l’apathie générale de la vie politique des citoyens aussi bien que la bonne forme des croisières LAVVENTURA qui n’ont jamais autant sillonné les mers et déversé de voyageurs d’une demi-journée dans les ports. Est-ce que cela conforterait la théorie controversée : Clowns ou zombies ?
Mais alors, a dit Barbara Hoffman (elle traversait des journées difficiles au bureau des nouvelles compétences et métiers émergents de la chambre du commerce et de l’industrie) : Est-il préférable de s’endurcir dans son chez-soi, sa maison, son bunker familial, si le repas de voisins est un piège à trolls et le voisin, par définition, inquiétant, surtout quand il a des sourires menaçants derrière ses plantes vertes, parce que le sourire est une arme, maintenant chacun le sait, non, surtout depuis la prolifération des formations à la manipulation et au contrôle ?
Tout le monde j’en suis sûr a pensé : « Regardez comment vos voisins marchent les jours de forte pluie et les jours de grand vent, inutile d’en dire plus. »
Quand Laura Yun a demandé à Barbara Hoffman si Marc Victor continuait de faire le Dark Vador pour les anniversaires d’enfant, elle a donné l’impression d’avoir quelque chose derrière la tête. Tout le monde avait entendu parler de l’affaire qui avait fait la Une durant des jours : l’étang aux nounous noyées. De nombreux auteurs d’articles avaient décrit ces enfants (pourtant si sages d’habitude) d’un genre spécial, suradaptés, qui droguent et noient leurs nounous comme des portées de chats.
Le bruit courait même que Dark Vador avait été agressé sexuellement par des enfants. Comment ne pas penser aux affaires de clowns violés et à la chanson si prémonitoire Le cimetière des résolutions romantiques ?
Tous ces agressions d’enfants sur des adultes seraient des cas de gérontophilie (sujet fétiche de l’émission On en parle pas assez).
Barbara Hoffman n’a pas répondu.
Là on a entendu une chanson visiblement inspirée d’Il est Cinq heures Paris s’éveille (des Jacques Lanzmann et Dutronc) et de Bill Clegg… avec de la guitare et des paroles du genre : « Il est cinq heures et les dealers ont éteint leur téléphone… »
Il s’est mis à pleuvoir doucement, la rue était encore noire, c’était étrange.

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