L’homme qui vit dans un trou

L’homme qui vit dans un trou sait, malgré lui, qu’il vit dans un trou comme la majorité des êtres humains qui vivent dans un trou le savent, malgré eux, et ont renoncé à en sortir un jour parce qu’ils savent que l’on s’habitue à vivre dans un trou et non seulement on s’habitue à vivre dans un trou mais on finit souvent par aimer son trou, par l’aimer profondément, parfois exagérément, on finit par le défendre ce trou, par prendre sa défense, par le trouver beau son trou, au point qu’il est parfois difficile d’en sortir, pour différentes raisons et, entre autres, parce que l’on oublie que l’on vit dans un trou, cela devient spontané, aussi parce que le trou a ses avantages, à commencer par le calme et l’attachement au calme qui s’ensuit et dont l’attachement à son propre trou devient inexorable, même si l’on sait que ce n’est pas le meilleur endroit au monde, parce qu’il existe de plus beaux trous, des trous plus grands, plus beaux, plus confortables, forcément, on arrive quand même à se dire que notre trou c’est le nôtre, notre endroit, le nôtre et on se surprend à en dire du bien, à en vanter les qualités et si quelqu’un en dit du mal, comme cela arrive parfois (il y a toujours quelqu’un de bénévole pour critiquer les trous & les niches), on le défend, on avance des arguments, des théories, des films, on lui trouve des qualités, on se bat pour défendre son trou, l’honneur perdu de son trou et il faut bien admettre que chaque pays est rempli de trous, aucun pays n’y échappe, il n’y a rien de plus fréquent qu’un trou, rien de plus simple et de plus partagé, chaque appartement est un trou, chaque maison aussi, chaque villa aussi, et dans tous les trous, sur tous les continents, il y a eu des êtres humains, même dans les zones les plus arides ou dans les zones les plus froides du monde, même dans les zones contaminées, l’être humain s’attache à tout, ce n’est pas de la paresse ni de la négligence, ce n’est pas de la folie, au contraire, ce n’est pas de la faiblesse ou de l’amour mal placé, c’est simplement que l’homme aime son trou.

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