Démocratie et dénonciation

Selon les dernières études sur Notre-Ville, il ne se passe pas une journée sans qu’un sondage ou une enquête ne fasse la Une (il existe d’ailleurs de réguliers sondages sur la fréquence des sondages).
Les experts assurent que les enquêtes facilitent les ventes des journaux. Surtout les mauvaises nouvelles.
Là-dessus, ils sont de plus en plus nombreux, petits et grands experts, à prétendre qu’il ne faut pas oublier que vendre est synonyme de trahir.
Jamais les vendus n’ont été autant traités d’achetés.
Le verbe buy signifie, en anglais, acheter mais aussi croire, il signifie acquérir autant que gober ou avaler.
Toutefois, changement notable et comme on dit décomplexé (le complexé, c’est l’autre), Judas n’est plus considéré comme un sale type mais comme un type qui se débrouille, qui fait avec, manage.
On cite Verlaine : « Il ne faut jamais juger les gens sur leurs fréquentations. Tenez, Judas, par exemple, il avait des amis irréprochables. »
Tu vas raconter ça un soir à la petite sirène de Martine Franck qui est assise sur une table ?

A la fin, quand les partisans de la débrouillardise veulent l’emporter vite, qu’ils manquent d’arguments, ils prétendent de plus en plus s’appuyer sur la tradition et en particulier sur l’attitude des Épelis qui, selon Henri Michaux (aucune comparaison n’est à faire avec école publique et école privée), commencent par envoyer leurs enfants à l’école de la droiture. Sans insister. Ceux qui n’y réussissent pas sont envoyés à l’école des traîtres. Le grand nombre. En effet, ce peuple faible ne peut réussir au dehors que par traîtrise.
Mais ils ne veulent pas forcer les vocations et commencent par enseigner aux enfants les choses selon la sincérité.
C’était un risque, en somme. Mais ils le prennent, confiants dans la duplicité de la nature humaine.

La loyauté deviendrait perversion.
Intéressant, dit Carol Piedtenu, cette confiance exorbitante dans la perversion et la duplicité humaine.
Est-ce une variante de la confiance dans le mensonge sincère ?
Certainement.

« Mentez mais avec sincérité », c’est depuis longtemps un conseil politique aussi courant que « Vos ennemis ne vous empêcheront pas d’être candidats, vos amis oui. Tuez d’abord vos amis avant vos ennemis pour avoir une chance d’être candidat ».
La dénonciation citoyenne serait-elle garante de notre prétendue démocratie ?
Pas de démocratie sans vendus ?
Il y a des bagarres jusque sur la plage de la Baie des espèces.
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En lien avec l’histoire sauvage, une pièce radiophonique à écouter en podcast, diffusée le samedi 1er septembre 2018 de 21h à 22h :
« La réserve noire » de Jean-Pierre Ostende
Une réalisation de Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Caroline Ouazana. Assistant à la réalisation : Félix Levacher
Avec :
Mohamed Rouabhi (Régis Legrand) Pierre-Jean Pagès (François, le père)
Agnès Sourdillon (Sylvie, la mère) Baptiste Dezerces (Sébastien, le fils)
Lyn Thibault (Tatiana, la fille) François Siener (André, le grand-père)
Bernadette Le Saché (Rosemarie, la grand-mère) Miglen Mirtchev (Thomas, le résident) Lara Bruhl (Suzie, la résidente)
Bruitages : Benoît Faivre et Patrick Martinache
Equipe technique : Eric Boisset, Mathieu Le Roux

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