Soirées pensantes

Lors d’une soirée pensante dans Notre-Ville (les soirées pensantes sont un succès), un conférencier a évoqué la soumission en littérature. Et, sans aucune allusion à la Suisse, il a cité tout de suite Robert Walser pour, selon ses termes, nous mettre dans l’ambiance :
« Nous apprenons très peu ici, on manque de personnel enseignant, et nous autres, garçons de l’Institut Benjamenta, nous n’arriverons à rien, c’est-à-dire que nous serons plus tard des gens très humbles et subalternes. »
Le conférencier ne s’est pas étendu sur la question de l’éducation alors que tout le monde semblait attendre un développement : le manque d’éducation mène-t-il à l’humilité ? Et, dans ce cas, l’éducation mène-t-elle à l’arrogance ?
Il a ensuite rapproché l’œuvre de Robert Walser du Brave soldat Chveik de Jaroslav Hasek. Là-dessus quelqu’un (qui a voulu garder l’anonymat, c’est naturel) a précisé que Bertold Brecht avait associé les personnages de Franz Kafka au brave soldat Chveik.
On a entendu des : Oh !
C’était une belle soirée.

Plus tard dans la nuit, sur les banquettes souples d’une des salles du Pico Pico réservée au prolongement libre de la conférence (notre monde adore les commentaires), quelqu’un a comparé point par point, méthodiquement, avec beaucoup de calme, de persuasion, de conviction, l’histoire du brave soldat Chveik au discours sur la servitude volontaire de La Boétie.
Pour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire.
Tout le monde a ressenti un malaise et dans la salle les nuques ont frémi.
L’inconnu a continué de citer La Boétie :
Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres.
La servitude volontaire ? Ce soir-là nombre d’entre nous ont voulu lire La Boétie.
Dans Notre-Ville personne ne peut vraiment comprendre que l’amour de la servitude soit si humain.

(Pere Borell del Caso : Escapando de la critica)
Les soirées pensantes rendent parfois les amoureux envieux et inquiets. Parfois même ouvertement jaloux des attirances intellectuelles de leurs partenaires.
Tu penses à qui ? Qui est dans ta tête ?
La pensée s’infiltre.
Qui est entré dans ta tête ?
Il y a de la jalousie, peut-être encore plus forte, irrépressible, quand les corps sont attirés par des esprits. Tu ne peux posséder la pensée. C’est elle qui te tient.
Comme la chanson Attracted by your body, in love with your mind.
(Attiré par ton corps, amoureux de ton esprit)

_____________________________________________________________________________________________________________________
En lien avec l’histoire sauvage, une pièce radiophonique :
Samedi 1er septembre 2018 de 21h à 22h
« La réserve noire » de Jean-Pierre Ostende
Une réalisation de Jean-Matthieu Zahnd
Conseillère littéraire : Caroline Ouazana
Assistant à la réalisation : Félix Levacher
Avec :
Mohamed Rouabhi Régis Legrand
Pierre-Jean Pagès François, le père
Agnès Sourdillon Sylvie, la mère
Baptiste Dezerces Sébastien, le fils
Lyn Thibault Tatiana, la fille
François Siener André, le grand-père
Bernadette Le Saché Rosemarie, la grand-mère
Miglen Mirtchev Thomas, le résident
Lara Bruhl, Suzie, la résidente
Bruitages : Benoît Faivre et Patrick Martinache
Equipe technique : Eric Boisset, Mathieu Le Roux

Et en podcast.
Souffrir à ST Tropez. 2017.
L’émission en deux parties
première partie :

deuxième partie :

Réalisation Jean-Matthieu Zahnd

A 70 ans Jeanne Bregman a sauvé un pré-adolescent de la noyade. En guise de récompense, les parents de l’enfant (M. et Mme Merchant-Cazale) offrent à Jeanne Bregman quelques semaines à Saint-Tropez dans leur villa.
A la Pampanita, commence alors un séjour tout à fait particulier où une jeune Américaine qui occupe la villa voisine, proposera à Jeanne Bregman de jouer dans un film très spécial…
Ce sera pour elle l’occasion de découvrir une vie qu’elle n’avait jusque-là jamais imaginée, tout un monde. Cinéma, drogue et zombies.
Avec
Nita Klein ( Jeanne Bregman)
India Hair ( Sidney Mercury)
Antoine Sastre ( Vincent Gallatino)
Yvon Martin ( un Syndicaliste acteur de télé-réalité)
Lara Bruhl ( Jennifer Cook)
Rémi Goutalier ( Patrick Merchant-Cazale)
Léo Reynaud ( un Zombie syndicaliste)
Bastien Bouillon ( Lolito)
et
Sophie Bezard , Elodie Vincent, Loic Hourcastagnou, Emilie Chertier, Hermann Marchand, Louis-Marie Audubert, Lionel Mur, Matyas Simon, Mathilde Caupenne, Aurélien Osinski, Stéphane Szestak , Cécile Arnaud, Laurent Gauthier

Partager ce texte...
Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.