Le sens du sacrifice

On raconte (sans trop savoir la vérité en détails) que dans les années cinquante, en France, une jeune femme russe épouse un agriculteur peu fortuné dont la ferme est de moins en moins viable, pour ainsi dire au bord de la ruine.
Très rapidement et heureusement pour le couple, cette jeune femme hérite d’une forte somme d’argent de son oncle russe dont elle a toujours vanté la générosité mais dont elle ignorait la richesse.
C’est un coup de théâtre rural.
Cela permet au couple d’acheter un café-bar à Saint-Nazaire, un établissement très fréquenté par les sous-mariniers entre deux plongées sans cigarette ni alcool. J’imagine que ce café-bar peut s’appeler « A l’écoute des marins. »
Le jeune couple s’y installe tous les deux avec enthousiasme.
Un garçon naît puis une fille. Tous les deux Nazairiens apprenant le français aussi bien que le russe.
Les affaires marchent bien, la clientèle est nombreuse. Le café-bar est un lieu de rendez-vous pour les sous-mariniers de la base.
Une dizaine d’années après, le couple a trois enfants et le café-bar est toujours plein.
Ce n’est que beaucoup plus tard que se produira un autre coup de théâtre : Natacha a quitté mari et enfants.
Tout le monde est désespéré. On se demande si elle n’a pas été enlevée ou assassinée.
Bien plus tard encore, on apprendra que pendant trente ans cette femme a espionné les propos des sous-mariniers derrière le comptoir, pour le compte du KGB.
Ce n’est que presque grand-mère qu’elle est retournée, sur ordre, dans son pays. Ça s’appelle le sens du sacrifice.

(Courbet : le bord de mer à palavas)
Cette espionne devrait travailler à la télévision. Si l’on accepte l’idée que la télévision est un asile de fous où chaque patient sur chaque chaîne l’ignore, personne ne devrait remarquer l’étrangeté de cette femme au fond de son émission en direct d’un café-bar de Saint-Nazaire.
A la télévision, les plus inconscients de leur état sont, paraît-il, sur les chaînes d’actualité.

Interrogée bien des années après la chute de l’URSS, cette espionne a assuré qu’elle travaillait beaucoup et que c’est grâce à ça qu’elle avait pu tenir toutes ces années.
Gilles Deleuze travaillait une semaine entière – huit heures par jour – pour préparer un cours qui durerait deux heures, oui seulement deux heures, et donnerait l’impression aux étudiants d’être improvisé. Voilà ce que raconte un vieillard en train de lire le livre d’André Bernold : J’écris à quelqu’un.

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En lien avec l’histoire sauvage, une pièce radiophonique : Souffrir à ST Tropez.

L’émission en deux parties
première partie :
https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/souffrir-st-tropez-de-jean-pierre-ostende-premiere-partie

deuxième partie :

https://www.franceculture.fr/emissions/fictions-samedi-noir/souffrir-st-tropez-de-jean-pierre-ostende

Réalisation Jean-Matthieu Zahnd
Conseillère littéraire Caroline Ouazana

A 70 ans Jeanne Bregman a sauvé un pré-adolescent de la noyade. En guise de récompense, les parents de l’enfant (M. et Mme Merchant-Cazale) offrent à Jeanne Bregman quelques semaines à Saint-Tropez dans leur villa.
A la Pampanita, commence alors un séjour tout à fait particulier où une jeune Américaine qui occupe la villa voisine, proposera à Jeanne Bregman de jouer dans un film très spécial…
Ce sera pour elle l’occasion de découvrir une vie qu’elle n’avait jusque-là jamais imaginée, tout un monde. Cinéma, drogue et zombies.

Avec
Nita Klein ( Jeanne Bregman)
India Hair ( Sidney Mercury)
Antoine Sastre ( Vincent Gallatino)
Yvon Martin ( un Syndicaliste acteur de télé-réalité)
Lara Bruhl ( Jennifer Cook)
Rémi Goutalier ( Patrick Merchant-Cazale)
Léo Reynaud ( un Zombie syndicaliste)
Bastien Bouillon ( Lolito)
et
Sophie Bezard , Elodie Vincent, Loic Hourcastagnou, Emilie Chertier, Hermann Marchand, Louis-Marie Audubert, Lionel Mur, Matyas Simon, Mathilde Caupenne, Aurélien Osinski, Stéphane Szestak , Cécile Arnaud, Laurent Gauthier

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